Gestion des espèces végétales exotiques envahissantes
Travaux de génie écologique
Parc National des Calanques – (Bouches du Rhône, 13)
Maître d’ouvrage : Parc National des Calanques – Projet LIFE Habitats Calanques – Projet européen coordonné par l’ARBE-PACA
Maître d’œuvre : Parc National des Calanques
Travaux (Groupement) : La Compagnie des Forestiers et Agir-écologique
Ancrages et formations aux travaux sur cordes : Matières
La Compagnie des Forestiers, en groupement avec Agir écologique à répondu à ce marché d’arrachage sur des sites en forte pente ou falaise au sein du Parc national des Calanques. Celui-ci se déroulera durant l’année 2020 sur différents sites remarquables : l’île Jarre, le Bec de l’Aigle, L’île Ratonneau et les calanques de Sugiton et des Pierres Tombées. Les plantes visées par cette campagne d’arrachage sont : l’Agave d’Amérique (originaire du Mexique), la Luzerne arborescente (originaire du Moyen-Orient) et le Figuier de Barbarie (originaire d’Amérique centrale).
Eradication par arrachage manuel des Espèces Végétales Exotique Envahissantes – EVEE
Le contexte
Le littoral provençal en plus d’être soumis à de fortes pressions d’urbanisation, d’attrait touristique, de sécheresse, de développement des loisirs de pleine nature se retrouve confronté à la prolifération d’EVEE… qui conduisent à d’importants bouleversements tels que la perte d’espèces endémiques rares et la dégradation des habitats naturels.
Archipel de Riou : l’île Jarre est envahie par
les figuiers de Barbarie
Créé en 2012, le Parc National des Calanques à la fois terrestre et marin offre une protection à une partie de ce territoire.
Un programme européen : LIFE Habitats Calanques qui vise à préserver ce milieu naturel à été mis en place en partenariat avec l’ensemble des acteurs du territoire et l’ARBE-PACA.
Qu’est-ce qu’une espèce végétale exotique envahissante (EVEE) ?
Les figuiers de Barbarie ont une extraordinaire capacité de bouturage (le moindre fragment de plante peut donner naissance à un nouvel individu capable de fleurir et fructifier).
Une EVEE est une espèce introduite en dehors de son territoire d’origine dont l’introduction par l’homme, volontaire ou fortuite menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces indigènes. Les espèces végétales exotiques envahissantes représentent une menace pour la biodiversité végétale mondiale.
EVEE-Opuntia Figuier de Barbarie ©AGIR-ecologique
EVEE-Agave d’Amérique ©AGIR-ecologique
EVEE-Luzerne-arborescente ©AGIR-ecologique
Quelques espèces végétales protégées
Ail petit Moly ©AGIR-ecologique
Séneçon à feuilles grasses
Thymélée hirsute ©AGIR-ecologique
Les sites concernés par les EVEE
Les sites visés par cette campagne d’arrachage présentes des conditions d’accès, de travail et de sécurité contraignantes.
Les interventions ont lieu principalement sur des pentes et falaises en milieu naturel sensible à fort enjeu paysager, et intègrent aussi des problématiques de sécurité et d’isolement inhérent à l’insularité.
Ce programme d’éradication, nous emmènera sur l’île Jarre, le Bec de l’Aigle, l’île Ratonneau et les calanques de Sugiton et des Pierres Tombées.
Le Parc National des Calanques : l’île Jarre
L’île Jarre, dans l’archipel du Riou, est un refuge pour les oiseaux marins et pour les plantes. En tant que réserve naturelle, l’île est totalement inhabitée, néanmoins sa biodiversité fragile est menacée par la propagation des figuiers de Barbarie. Une vaste opération a donc été lancée afin de les éradiquer.
Première étape de nos travaux pour le Parc National des Calanques, cette île présente toutes les caractéristiques d’un chantier exigeant. Absence d’appontement, pas d’évacuation possible des figuiers de Barbarie et des travaux à flanc de falaise nécessitant de créer des points d’ancrages.
Première sur notre territoire, cette campagne aura lieu sur des zones de falaises et de pentes fortes.
Ceci constitue une opportunité de déployer des techniques d’arrachage encordées. Expérience qui pourra être valorisée auprès d’autres gestionnaires d’espaces naturels confrontés à ces mêmes problématiques.
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La préparation du chantier sur l’île Jarre
Des contraintes d’accès maritimes et terrestres
Nos équipes partent depuis leur base de vie, le port de Callelongue pour l’île Jarre. Cette île totalement inhabitée ne possède aucun point d’appontement, l’accès se fait en sautant du bateau sur des rochers découpés et agressifs. De fait les conditions météorologiques et donc l’état de la mer interfèrent énormément sur nos journées de travail.
Des zones d’ancrages à créer
Les figuiers de Barbarie se sont implantés sur toute l’île et particulièrement à flanc de falaise. Aucun ancrage n’existe pour pouvoir y accéder en toute sécurité. Nous les avons donc créés avec l’aide de l’entreprise Matières. Ces points d’ancrages sont livrés pour 10 ans, et constitués d’un matériau spécialement conçu pour résister en milieu très corrosif.
Les points d’ancrages temporaires, par sécurité nécessitent un principe de redondance en doublant systématiquement les amarrages simples.
Les points d’ancrages permanents testés avec un extractomètre serviront régulièrement pour éliminer les repousses issues de la banque de graines.
Formation aux travaux sur corde
Les travaux se faisant principalement encordées, une formation rigoureuse et minutieuse a été dispensée à nos équipes.
L’arrachage en falaise est une première sur notre territoire.
« C’est un chantier qui est lourd, aussi il a fallu assurer des conditions de travail sécuritaires. »
Une tyrolienne de 150 mètres
Les quantités de figuiers sont telles et leur répartition est si importante que nous avons été amenés à installer à mi-chemin de la zone de stockage une tyrolienne pour pouvoir les déplacer du haut de l’île vers la zone de stockage.
Plantes très urticantes, celles-ci sont après arrachage placées dans de gros sacs appelés « big bag ».
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Le déroulement du chantier sur l’île Jarre
L’arrachage manuel des plantes invasives
Seule méthode à pouvoir être utilisée sur ce site protégé, c’est très méticuleusement que les opérations ont lieu car aucun fragment d’oponce ne devra être laissé à l’issue du chantier. Une coupe à raz suivie d’un dessouchage permettra de retirer les systèmes racinaires qui peuvent être très étendus.
Nos équipes qui descendent encordées à flanc de falaise doivent impérativement reconnaitre les espèces protégées pour les préserver.
Regroupement et destruction des figuiers de Barbarie
Plus de 100 big-bag / jour sont manipulés, chaque sac pesant plus d’une trentaine de kilos.
Notre équipe parcourt chaque recoin de l’ile avec une clé de portage sur dos. Une fois remplis, les plantes sont regroupées en haut et au centre de l’île au pied d’une brèche naturelle sur laquelle nous avons installé une tyrolienne de 150 mètres pour descendre les plantes directement sur notre zone de stockage.
La zone de stockage
Les plantes arrachées sur le territoire du Parc doivent être évacuées en déchetterie, excepté sur l’île Jarre ou l’évacuation est trop périlleuse par bateau et néfaste à la faune par hélitreuillage (présence du Faucon Pèlerin).
Les plantes sont donc stockées et déchiquetées sur place dans une cuvette naturelle et sans végétation. Ces conditions de stockage sont suffisamment contraignantes (influence des embruns et du soleil) pour accélérer la dégradation.
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Le suivi
Les points d’ancrages que nous avons installés serviront durant dix années pour des relevés botaniques et pour l’évaluation de la dynamique de recolonisation.
Reportage photo : Franck Jonville
Les interventions de travaux de génie écologique demandent des compétences bien spécifiques : compréhension du fonctionnement des écosystèmes, intervention en milieux sensibles, reconnaissance des espèces, machines et interventions spécialisées… Pour une équipe de travaux de génie écologique, le maître mot est l’adaptation au contraintes et facteurs du site, ainsi que des espèces qui en bénéficient.
DÉCOUVREZ LES MÉTIERS DU GÉNIE ÉCOLOGIQUE
Protection du littoral et préservation de la biodiversité
Protection et mise en valeur des milieux dunaires, des rivages et des sentiers.
Depuis de nombreuses années, nous intervenons régulièrement pour protéger et préserver la biodiversité sur le littoral méditerranéen : en construisant des infrastructures pour accueillir et sensibiliser le public comme sur la Plage de Beauduc, en Camargue, sur les étangs de Villepey à Fréjus avec un observatoire faunistique – en réalisant des opérations de balisages, de création et de restauration de sentiers littoraux, pour canaliser la fréquentation (Cap Lardier) à la Croix-Valmer.
Mais aussi en réalisant des travaux de génie écologique et végétal pour restaurer des milieux naturels dégradés et réhabiliter certaines fonctions écologiques comme dans les salins des Pesquiers à Hyères – (confortement de berges en fascines de coquilles d’huîtres), dans la protection des massifs dunaires, dans la lutte contre l’érosion et dans la gestion des espèces exotiques envahissantes, les EVEE, cas présenté ci-dessus.